L'église Saint-Éloi au coeur des Ventes

Elle est dédiée à Saint-Éloi, le saint patron des ferronniers, serruriers et autres travailleurs du fer. Cette dédicace à Saint-Éloi est, peut-être, à mettre au compte de ces hommes qui peuplaient notre forêt dès le haut moyen âge pour extraire le fer ou le bois.
Pour ceux d'entre vous qui douteraient des traditions forestières de notre commune, il me suffit de leur rappeler que nous pouvons trouver des pierres de fer sur nos sentiers, qu'une allée s'appelle l'allée des minettes, c'est à dire l'allée des petites mines. Enfin dois-je vous le remémorer, Les Ventes tirent leur nom des ventes de bois qui se tenaient sur la place de l'église depuis le Moyen-âge.
Et pour dernière preuve, je vous rapelle cette légende du XIXe siècle : un bûcheron rencontre une vieille femme au détour d'une allée, celle-ci lui indique l'emplacement exact d'un trésor : le trésor des Ventes, sans doute la fortune enfouie d'un gallo romain lors des invasions barbares... Mais revenons à l'histoire de notre église, elle était sous le patronage alternatif du seigneur du lieu, l'abbesse de Maubuisson, près de Pontoise et de l'abbesse de Saint Sauveur d'Évreux. C'est un bel édifice rectangulaire à choeur d'origine romane, mais en grande partie reconstruite au début du XVIe siècle.
Elle est très vaste pour une église de campagne, peut-être pour permettre aux nombreux fidèles vivants dans la forêt et aux acheteurs de bois de se réunir. De plus, le chemin d'Évreux à Saint-Jacques de Compostelle passait aux Ventes, il subsiste notamment dans la rivière, la trace du gué.
Mais notre église était peut-être un lieu de pèlerinage local. En effet, autour du portail et côté sud, comme de tradition, de nombreux graffitis sont encore lisibles : des échelles et des clous, des roues de la fortune ou cadrans solaires, des croix et des cupules... Quelques noms du XVI et XVIIe siècles voisinent avec un grand nombre d'animaux, volailles et cervidés, sans oublier un délicieux petit âne avec ses grandes oreilles et ses sabots bien dessinés. Mais, la plus belle oeuvre est sans contestation possible, une nef avec sa voilure, sa rame actionnée par un marin.... Surprenant aux Ventes, si l'on juge de la distance qui nous sépare de l'Iton navigable à l'époque.
La plupart de ces oeuvres ont été dessinées par des hommes dans la force de l'âge entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Ce sont souvent des marques d'intention : un souhait exprimé sous forme graphique.
Ces hommes partaient-ils pour de longs voyages, pour vendre leurs bras comme tant d'autre à la ville à Paris ou à Rouen ? Cherchaient-ils à protéger leurs enfants en grattant la poudre des cupules afin de la mélanger au lait des biberons ?  Souhaitaient-ils protéger leurs troupeaux dans le cadre d'un mystérieux pèlerinage aux Ventes pour avoir gravé tant d'animaux... Autant de questions sans réponse car c'est ici l'histoire de petites gens qui participent à l'Histoire mais ne l'écrivent pas ! En tous les cas, c'est un souvenir émouvant que nous ont légués nos prédécesseurs.
Si vous voulez en savoir plus, venez nous rejoindre lors des journées du patrimoine pendant lesquelles il est possible de visiter notre église sur rendez-vous. Renseignez-vous à la mairie.
Christine Fessard.

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